Maroc Ingénierie (MI) : C’est quoi le coaching ?
Comme métier, le coaching est le prolongement d’un certain nombre d’activités que les professionnels auraient exercées depuis leur jeune âge. Il fait partie des métiers de la relation d’aide et possède des éléments communs avec les activités de formation, du conseil, de l’orientation, de l’encadrement, de la psychothérapie / psychopédagogie et de l’andragogie. Pourtant, il a ses propres caractéristiques qui le distinguent par rapport à elles.
M.I: Le sens reste encore ambigu, pourriez-vous démystifier ces notions ?
La formation consiste en le transfert de compétences d’un formateur à un apprenti. En l’occurrence, des savoirs, des savoirs faire et des savoirs être. Et ce, en lui laissant l’habilité d’en faire l’usage adapté à ses besoins
Le conseil consiste en la suggestion d’options de solutions à des problématiques soulevées par un client (individu, organisation, entreprise, ..etc). La suggestion se fait sur la base d’un travail profond nécessitant la mobilisation de compétences aussi bien générales que spécifiques aux problématiques posées (management, stratégie, production, vente, GRH, …etc). Dans le cas du conseil, la partie requérante s’engage à mettre les moyens nécessaires pour appliquer les plans d’action ou les feuilles de routes arrêtées au moment où le consultant s’engage à diagnostiquer et à produire des livrables selon le cahier des charges établis dans la mission en question.
La psychothérapie quant à elle, apporte de l’aide aux patients (individus ou groupes) en utilisant les techniques d’observation, d’écoute et du diagnostic. Le/la psychothérapeute choisit parmi les méthodes et les techniques connues, celles qu’il/elle maitrise bien ou celles en qui il fait confiance (hypnose, thérapie cognitivo-comportementale, .., etc). Et ce, afin de d’agir positivement sur les croyances et les pensées négatives que le patient cultive en lui-même. Entre autres, il est très récurrent de le voir en quête de détails enfuient dans l’histoire pour décoder les souffrances, les douleurs et les malaises de son patient.
Par ailleurs, le coaching est le travail d’accompagnement d’une personne, groupe ou équipe afin d’atteindre des objectifs clairs relatifs à une problématique définie entre le coach et le coaché. Ce dernier s’engage sur les résultats qu’il vise à atteindre et à la mise en place d’un plan d’actions généralement arrêté le long d’une ou plusieurs séances de coaching en choisissant parmi des options définies, celle qui répond parfaitement à la problématique soulevée et en compatibilité, de manière réaliste, avec les ressources dont il dispose (valeurs, croyances, moyens financiers, temps, motivations…etc). Il est bien reconnu que la démarche du coaching part du présent vers le futur, sans trop tarder sur l’histoire du coaché.
Le coach, quant à lui, il s’engage sur la mobilisation des moyens et des méthodes, dont l’animation des entretiens de coaching. Le coach ne s’engage pas sur les résultats et n’apporte pas des solutions mais plutôt aide son client à mieux cerner sa problématique et à mieux comprendre le rôle des valeurs, les enjeux multiples derrière la volonté du changement qu’il aspire.
Bref, le coach est un acteur de changement et par métaphore on le considère comme une sagefemme qui aide la femme à accoucher dans de bonnes conditions.
Vous voyez que le coaching n’est ni le conseil, ni la formation, ni la psychothérapie. Encore plus, il s’éloigne énormément du conseil éthique ou religieux « Al wâd wa Al Irchâd». C’est dommage que le grand public enregistre une grande confusion dans la perception et la représentation de ces différentes activités.
M.I : Quelles compétences le coach doit-il avoir ?
A mon sens et abstraction faite de sa spécialité (sport, couple, école et université, famille, organisation, entreprise, ..) l’exercice du métier du coach exige la maitrise de ces deux choses :
Premièrement, l’ensemble des techniques et outils d’animation des entretiens de coaching individuel et des séances de coaching / ateliers pour les groupes. Il s’agit principalement de techniques similaires à celles exercées dans les séances de formation ou d’ateliers de planification stratégique mais dans lesquels le coach respecte impérativement les termes de son contrat avec le/les coaché(s).
Deuxièmement et c’est là où réside l’enjeu, un coach professionnel doit montrer qu’il est digne de cet important et sensible métier. Il doit faire preuve de confidentialité, de bienveillance, du respect, d’écoute active, abstinence au jugement, et d’une excellente capacité de synchronisation avec le coaché. Nous parlons ici de soft-skillls confirmés, de compétences relationnelles inouïs et d’intelligence émotionnelle aiguisée. Ce sont les clefs d’une bonne posture de coach.
M.I : Etant coach et avant ceci, lauréat de l’INSEA et un militant de renom sur la scène de l’ingénierie nationale, les ingénieurs peuvent-ils devenir de bons coachs ?
Sincèrement, le métier de coaching peut être exercé par toutes les personnes talentueuses quel que soit leurs spécialités ou métiers. A mon sens, l’ingénieur est porteur d’une grande valeur ajoutée en matière de logique, de persévérance, d’optimisation, de qualité et de rigueur. Il lui suffit pour en exceller, d’embrasser les sciences humaines et d’éviter la réduction de la réalité complexe de l’être humain à des chiffres ou à des schémas logiques simplistes.
L’expérience a montré que les ingénieurs ont beaucoup de talents et pourront réussir de brillantes carrières en coaching professionnelsurtout dans les sphères de l’entreprise et du management technique.
Néanmoins, ils sont appelés à faire attention à leur Ego. A défaut de maîtrise, il est constamment la cause qui les prive de réussir leur communication interpersonnelle et limite leur ouverture sur l’autre. Certes face à des problématiques techniques, cet égo leur procure une bonne dose de confiance en soi face, mais ils gagneront davantage s’ils réussissent à bien le dompter et triompher vers plus d’altruisme.
De même, ils doivent faire attention au piège du perfectionnisme qui se manifeste généralement par une rigidité intellectuelle et un individualisme accru. En effet, à force d’être les meilleurs durant tout leur cursus, ils pourraient devenir facilement la victime d’une fausse perception de supériorité à leur entourage et s’engouffrer dans le désir dévastateur du contrôle absolu.
Par contre, les ingénieurs qui se sont ouverts sur les sciences humaines et sociales ou qui ont vécu des expériences associatives productrices, ont pu facilement dépasser ces limites et développer une bonne posture de coach/sages par la suite.